Le directeur du Centre premier accueil de Saint-Louis, Makhtar Bâ Guèye a appelé, mercredi, les autorités administratives, les populations et les maîtres coraniques à « enrayer définitivement » la mendicité des enfants dans les rues.
S’entretenant avec l’APS, le directeur de ce démembrement de la direction de l’Education surveillée et de la protection sociale du ministère de la Justice a plaidé pour l’arrêt définitif de ce phénomène « inquiétant » de la mendicité des enfants dans les rues de Saint-Louis.
Le Centre premier accueil a pour mission la protection par l’accueil et l’hébergement en urgence des mineurs victimes, témoins et en danger âgés de 6 à 18 ans filles et garçons, a-t-il précisé.
A la veille de la célébration de la journée nationale du talibé, prévue demain, M. Guèye a relevé que la vielle ville est très connue dans la pratique et l’apprentissage du saint Coran, avec l’implantation de daaras traditionnels, où les enfants sont bien pris en charge.
Mais aujourd’hui, a-t-il signalé, « on note l’arrivée d’un flux de daaras à Saint-Louis, installés de manière anarchique et gérés par des maîtres coraniques en provenance d’autres régions du Sénégal et même de pays frontaliers ».
« Les apprenants de ces daaras assaillent au quotidien les rues de la vielle ville pour s’adonner à la mendicité » a fait noter Makhtar Bâ Guèye.
« Ce phénomène de la mendicité commence à prendre des proportions inquiétantes dans la ville de Saint-Louis, avec ces nouveaux types de daaras, qui mettent les enfants dans des situations de danger permanent, les exposant aux abus, à la violence, au rapt, etc. », se désole M. Guèye.
Selon lui, la direction de l’Education surveillée et de la Protection sociale, dont la mission est de s’occuper de l’ensemble des questions intéressant la protection, la rééducation et la réinsertion des enfants et jeunes de 0 à 21 ans, en danger ou en conflit avec la loi a beaucoup contribuer à la protection et la promotion des droits des enfants.
Les structures extérieures que sont les services de l’AEMO, les Centres de sauvegarde, polyvalents, d’adaptation sociale et de premier accueil œuvrent quotidiennement à la prise en charge « totale et correcte » des enfants en difficultés, victimes d’abus, de maltraitance, ou qui sont en conflits avec loi, a souligné Makhtar Bâ Guèye.
Notant que malgré « toutes ces problématiques, l’Etat a fait des efforts énormes pour enrayer la mendicité, avec la mise en place du programme de retrait des enfants de la rue dont son service contribue beaucoup ».
Il a noté que le Centre premier accueil de Saint-Louis a accueilli, depuis son démarrage, en octobre 2014, près de 400 enfants, dont 95% des garçons sont des enfants talibés fugueurs de leurs daaras, victimes de sévices corporels, de violences psychologiques, d’autres formes de maltraitance, ou des enfants en errance à travers les rues.
Les enfants accueillis au centre bénéficient d’un accompagnement psycho-social qui permet une meilleure protection et une réhabilitation.
« Ils sont placés au Centre de premier accueil suivant une décision judiciaire du juge pour enfants qui, à la fin du séjour, modifie la garde au profit des parents ou autres institutions », a-t-il dit.
Ce même juge, a signalé M. Guèye, « ordonne le suivi et l’accompagnement de l’enfant par le service AEMO de sa localité, une mesure qui permet de fixer l’enfant dans un environnement propice à son épanouissement afin d’éviter la récidive ou le retour vers le point de départ ».
M. Guèye a ensuite plaidé pour la multiplication et le renforcement des centres de premier accueil, au niveau de toutes les régions du Sénégal, mais aussi de doter ces centres de moyens et de ressources humaines, afin que le programme de retrait des enfants de la rue, puisse atteindre ses objectifs.
« Cette journée nationale du talibé devrait être un moment fort de plaidoyer, de sensibilisation de la population, pour une prise de conscience sur le phénomène de la mendicité dans les rues », a conclu le directeur du Centre premier accueil de Saint-Louis.
BD/PON
APS