Un courant littéraire (aussi appelé mouvement littéraire) regroupe des principes, des idées et une vision commune du monde et de la littérature.
Les auteurs faisant partie d’un même courant littéraire partagent souvent une même vision esthétique et idéologique de l’écriture. L’œuvre d’un auteur peut donc ressembler, d’une certaine manière, à celle d’un autre (tout en préservant des traits spécifiques au style de l’auteur).
Un courant peut découler d’un autre, mais de manière générale, un courant nait en opposition à un autre qui le précède. De plus, les courants littéraires n’apparaissent pas dans un seul pays ou une seule région. Souvent, ils se répandent sur un continent ou sur plusieurs. La plupart du temps, un courant traverse tous les arts à la fois.
Voici les principaux courants littéraires :
- L’humanisme (1530-1570)
- La Pléiade (1549-1570)
- Le baroque (1570-1650)
- Le classicisme (1650-1700)
- Les Lumières (1720-1770)
- Le romantisme (1820-1850)
- Le réalisme (1830-1890)
- Le naturalisme (1830-1890)
- Le symbolisme (1857-1900)
- Le Parnasse (1866-1876)
- Le dada (1916-1923)
- Le surréalisme (1920-1940)
- L’absurde (1938-1960)
- Le Nouveau Roman (1950-1970)
L’humanisme (1530 – 1570)
Le mouvement humaniste en littérature met de l’avant l’être humain (l’éducation, la philosophie antique, la suprématie de l’homme sur la nature, etc.) plutôt que les valeurs religieuses, Dieu, les lois, etc.
Auteurs significatifs : Montaigne (1533-1592), Rabelais (1494-1553).
La pléiade (1549 – 1570)
Le nom de ce courant provient de la constellation du même nom qui regroupe sept étoiles. Ainsi, le courant est formé de sept poètes, en mutation, qui accordent une grande importance à la musicalité de la langue dans leur écriture. On dit même d’eux qu’ils sont les « serviteurs de la beauté ».
Auteurs significatifs : Du Bellay (1522-1560) et Ronsard (1524-1585).
Le baroque (1570 – 1650)
Le nom baroque provient de la langue portugaise et signifie « perle irrégulière ». En effet, durant cette période, le monde est en plein changement. Les écrivains accordent alors une importance à l’illusion, la métamorphose, le désordre (voire le chaos), la complexité, l’instabilité, le bizarre, l’eau, les miroirs, etc. La poésie baroque comporte de multiples figures de style.
Auteurs significatifs ou œuvres significatives : Saint-Amant (1594-1661), Th. de Viau (1590-1626), Les comédies de Corneille, Cyrano de Bergerac.
Le classicisme (1650 – 1700)
Le Classicisme est un courant artistique et littéraire qui est apparu dans la seconde moitié du 17e siècle ; plus précisément entre 1661 et 1685 sous le règne de Louis 14. Il est à la fois un idéal moral, social et artistique. Il se distingue du Baroque par la volonté de ses amateurs de remettre l’ordre dans l’inspiration et dans l’écriture. Il exige des principes.
Auteurs significatifs : Molière (1622-1673), Racine (1639-1699), La Fontaine (1621-1695), Bossuet (1627-1674).
Le Siècle des Lumières (1720 – 1770)
La fin du 17e siècle a annoncé des considérations sociopolitiques et des conceptions à la fois critiques et philosophiques. C’est sous cette aube nouvelle que sort le 18e siècle avec une conscience étincelante : l’esprit des lumières. Cette période est marquée par un bouillonnement intellectuel philosophique, politique et beaucoup de polémiques. Ce courant de pensée cherche à promouvoir la raison et l’esprit critique pour faire reculer les frontières de l’ignorance.
Auteurs significatifs : Voltaire (1694-1778), Montesquieu (1689-1755), Rousseau (1717-1778), Diderot (1713-1784).
Le romantisme (1820 – 1850)
Le courant du romantisme nait en opposition au courant des Lumières et du classicisme. Il remet en question les règles, le gout ainsi que le beau et met l’accent sur le « moi » (individualité), la sensibilité, l’infini, la religion, le passé, la mélancolie, le mal de vivre, les passions, les sentiments intimes, les sentiments amoureux, le rêve, le désir d’évasion, etc. Les récits sont souvent racontés à la première personne.
Auteurs significatifs : Chateaubriand (1768-1848), Lamartine (1790-1869), Musset (1810-1857), Hugo (1802-1885).
Le réalisme (1830 – 1890)
Le Réalisme est un mouvement littéraire et artistique de rupture et d’innovation né vers 1830. Une rupture qui se manifeste par une réaction contre le Romantisme. Les réalistes veulent s’intéresser à la chose réelle en s’éloignant totalement de l’idéalisme et des effusions lyriques.
Cette évolution révolutionnaire trouve son originalité dans l’application de la science à la littérature. Parce que le positivisme qui cherche à tout expliquer par la science exerce son influence dans ce siècle. L’homme retrouve sa confiance dans les progrès de la science et s’appuie fortement sur la raison.
Auteurs significatifs : Stendhal (1783-1842), Balzac (1799-1850), Flaubert (1821-1880).
Le naturalisme (1830 – 1890)
Le naturalisme s’inscrit dans la même dynamique que le réalisme. Il prolonge son ambition dans la représentation de la réalité. En effet, les naturalistes, influencés par les découvertes scientifiques : méthode expérimentale de Claude Bernard et le positivisme d’Auguste Comte, vont préconiser une démarche scientifique fondée essentiellement sur l’observation et l’expérimentation. Une telle démarche aura permis aux auteurs comme le chef de file Zola de dégager la loi du déterminisme. Autrement dit c’est le milieu qui influence le comportement de l’individu.
Auteurs significatifs : Zola (1840-1902), Maupassant (1850-1893).
Le symbolisme (1857 – 1900)
Le 19e siècle est incontestablement l’une des périodes les plus riches en histoire littéraire et en effervescence intellectuelle. Après le romantisme, le réalisme, le naturalisme et le parnasse, un autre courant surgit avec ses conceptions artistiques et ses considérations théoriques : le Symbolisme. Il réagit contre la prétention scientifique du naturalisme sous l’impulsion de son précurseur Charles Baudelaire. Dans l’esprit symboliste le monde physique est fait de représentations. En d’autres termes derrière toute matière se cache une idée. Ainsi, le symbole apparait comme l’objet concret qui permet de transposer les idées. C’est pourquoi les symbolistes cherchent à suggérer la réalité à partir des symboles.
Auteurs significatifs : Verlaine (1844-1896), Rimbaud (1854-1891), Mallarmé (1842-1898).
Le Parnasse (1866 – 1876)
Le Parnasse nait en réaction au romantisme. En effet, les auteurs s’inscrivant dans ce courant considèrent les épanchements romantiques comme étant excessifs. Ils traitent l’écriture comme une peinture en harmonisant les couleurs et les effets stylistiques. Les œuvres doivent absolument faire montre de beauté, c’est « l’art pour l’art »! La description, la nature, l’archéologie et l’Antiquité jouent un rôle important.
Auteurs significatifs : Leconte de Lisle (1818-1894), Th. Gautier (1811-1872), Hérédia (1842-1905).
Le dada (1916 – 1923)
Ayant existé pendant la Première Guerre mondiale, le courant dada, ou dadaïsme, a anéanti toutes conventions/contraintes idéologiques et esthétiques. Les auteurs ont rejeté la raison, la logique, les conventions et les traditions. Cette façon de faire s’est répétée par la suite dans l’histoire littéraire. Les dadaïstes se voulaient très engagés politiquement, irrespectueux, méprisants, provocateurs et extravagants. Ils recherchaient la liberté d’expression à tout prix et avaient pour but de faire réfléchir les lecteurs sur la société.
Auteurs significatifs : Aragon (1897-1982), Breton (1896-1966), Eluard (1895-1952).
Le surréalisme (1920 – 1940)
Inventé par Guillaume Apollinaire, le surréalisme est né au lendemain de la première guerre mondiale. Les auteurs repoussent les limites de la création en se servant de l’art pour des fins libératrices, révolutionnaires et politiques. Ils s’opposent vertement au rationalisme. Ils explorent les thèmes de la révolte, de l’urbanité, des rencontres insolites, des rêves, de l’imagination, des femmes, de l’amour fou, de l’inconscient, du hasard, etc.
Auteurs significatifs : Breton (1896-1966), Eluard (1895-1952), Aragon (1897-1982), Desnos (1900-1945), Péret (1899-1959).
L’absurde (1938-1960)
Issu de l’existentialisme en philosophie, les auteurs de ce courant abordent surtout l’absurdité de la condition humaine, l’incohérence, la répétition, l’étrangeté, la solitude, le non-sens, l’inconscient et l’insignifiance. Ils refusent le réalisme, la psychologie et les structures traditionnelles de l’art.
Auteurs significatifs : Sartre (1905-1980), Camus (1913-1960), Ionesco (1912-1994), Beckett (1906-1989).
Le Nouveau Roman (1950-1970)
Ce courant regroupe des auteurs surtout publiés dans une même maison d’édition (Les Éditions de Minuit). Après la Seconde Guerre mondiale, les auteurs étaient désillusionnés par l’homme et ses capacités destructrices. C’est pourquoi ils refusèrent toutes règles, principes, visions, etc. que la littérature avait explorés jusque-là. Par exemple, certains ont remis en question, voire supprimé, la notion de personnage. Ainsi, leurs personnages n’avaient pas de nom, étaient désignés par une lettre ou par un pronom personnel. Dans d’autres cas, c’est la chronologie des évènements qui a été abolie. Le nouveau roman met l’accent sur les procédés de narration, les descriptions, la précision, les monologues intérieurs, les lieux, les objets, etc.
Auteurs significatifs : Robbe-Grillet (1922-2008), Butor (1926-2016), Sarraute (1900-1999), Claude Simon (1913-2005).