Le directeur par intérim de l’Ecole nationale des arts, Bernard Bangoura, est revenu, dans cet entretien, sur le sens de la célébration de la Semaine internationale de l’éducation artistique (Siea). Il tire le bilan de la première édition et évoque des perspectives.
Monsieur le directeur, quel bilan tirez-vous de la célébration de la Semaine internationale de l’éducation artistique ?
L’objectif de la Semaine internationale de l’éducation artistique (Siea), tel que résolu par la Conférence générale de l’Unesco en sa 36e session, est de sensibiliser à l’importance de l’éducation artistique via l’organisation d’activités pertinentes. Pour cette première édition portée par l’Ecole nationale des arts, les initiatives menées ont été envisagées sous le double angle de l’ouverture publique et de la couverture transversale et systémique de notre mission de formation dans les expressions artistiques et dans la médiation culturelle. En choisissant l’éveil comme thème, nous avons recherché une analogie dépassant son concept d’étape première en éducation artistique pour faire découvrir les attributs souverains et régaliens de l’Ena qui détient une tradition pédagogique dans la formation aux arts et à la médiation culturelle remontant à 1948. Hormis la programmation d’exposition du jeudi 25 mai (jour férié) qui n’a pas connu foule, nous tirons globalement un bilan positif pour cette édition et félicitons les chefs de Département pour l’organisation des journées dédiées à leurs unités.
Pour cette première édition, vous avez sensibilisé sur l’importance de l’éducation artistique. Quelles sont les activités que vous avez eu à mener dans ce sens ?
Les activités ont principalement été menées au sein des trois départements constituant l’école, à travers des journées portes ouvertes successives et portant des contenus contextualisés à l’aune des situations actuelles et prospectives propres à chacune de ces entités. C’est ainsi que les élèves du Département des arts plastiques ont entrepris une performance artistique diagnostiquant leur unité de formation, en y associant d’anciens pensionnaires. Ils ont également eu à rencontrer dans un cadre d’échanges dénommé « Regards croisés » l’artiste peintre Abdoulaye Diallo, qui a été d’une générosité intellectuelle remarquable.
Pour le Département de formation de formateurs d’animation culturelle et de recherche (Dffacr), la question de la place de l’éducation artistique au regard des mutations du monde contemporain a fait l’objet d’un exposé mené par M. Daouda Diarra, ancien directeur de l’Ena et professeur spécialisé en la matière pour avoir représenté le Sénégal aux Conférences sur l’éducation artistique de Lisbonne (2006) et de Séoul (2011). L’objectif principal de cette activité du Dffacr était de renseigner professionnellement et institutionnellement les élèves professeurs et les futurs animateurs culturels afin de les permettre d’envisager convenablement leurs futurs rôles de médiateurs dans les lycées, les collèges et les centres culturels. Le Département des arts scéniques (Dasc) a proposé une session de formation en management artistique dans le but de sensibiliser ses élèves musiciens et comédiens en démarche entrepreneuriale et en marketing au sortir de leur formation. Un récital classique présenté par Marco Procacci, jeune prodige de 14 ans, a clôturé la journée porte ouverte du Dasc. Mais cette première édition de la Siea a également été l’occasion de faire connaître des programmes de formation artistique respectivement destinés aux scolaires externes à partir de 6 ans et à un groupe de jeunes vivants avec une déficience intellectuelle (Jvdi). Ce programme que nous menons avec l’accompagnement du ministère de la Culture et de la Communication et celui de la Formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’artisanat, est une première au Sénégal.
Qu’en est-il de l’implication des étudiants ?
Les journées portes ouvertes ont été associées au programme classique des Départements en s’harmonisant, à dessein, à leurs emplois de temps parce que les activités d’une Siea doivent garder les attributs d’une institution académique comme la nôtre. Cette démarche a permis une implication des élèves qui ont tiré profit des programmations par département. A titre d’illustration, je peux citer l’exemple d’un élève professeur en Education musicale qui nous vient du Togo et qui dit avoir poussé sa curiosité avec un esprit créatif, suite aux enseignements reçus en instrumentation. Il a pu ainsi concevoir une guitare basse en forme de « J » (comme son prénom Jacob) et la présenter en première, avec ses professeurs, à l’occasion d’une journée porte ouverte de son département.
Quelles sont les perspectives pour la prochaine édition de cette Semaine ?
Le bilan globalement positif de cette 1ère édition nous incite à inscrire la Semaine internationale de l’éducation artistique dans le calendrier académique avec l’implication de l’Amicale des élèves via une organisation conjointe à leurs journées culturelles. Nous poursuivrons aussi la présentation de nos bonnes pratiques en éducation artistique en proposant un cadre de formation complémentaire aux acteurs culturels. L’Ecole nationale des arts a une identité nationale et profitera de la Siea pour s’ouvrir à tous, conformément à la résolution de l’Unesco à cet effet ».