Au Maroc, les leçons d’une crise gouvernementale

AFRIQUE International

 Après six mois de blocage, le royaume a retrouvé un gouvernement, fin avril, dirigé par le numéro 2 du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste). Mais les négociations pour y parvenir laissent à beaucoup un goût amer.

Six mois après le début d’une crise politique, la situation est rentrée dans l’ordre au Maroc. Le nouveau premier ministre, l’islamiste Saad-Eddine Al-Othmani, nommé par le roi, a obtenu, sans surprise, fin avril, la confiance des députés pour mettre en place son gouvernement de coalition. Le royaume a de nouveau un gouvernement. Le parti islamiste – vainqueur des législatives d’octobre 2016 – est toujours à la tête de cet exécutif, et les textes constitutionnels ont été respectés. Retour à la normale donc, mais l’épisode laissera des traces dans le climat politique du pays.

Le blocage s’était déclaré dans la foulée des législatives, remportées, comme en 2012, par le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), dirigé par le populaire chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. La formation islamiste n’a toutefois pas réussi à former une coalition susceptible de lui assurer une majorité au Parlement. M. Benkirane s’est vite retrouvé coincé bloqué dans les négociations par un autre chef de parti, l’homme d’affaires Aziz Akhannouch, à la tête du Rassemblement national des indépendants (RNI), considéré comme proche du Palais. Au bout de six mois d’impasse entre les deux hommes, le roi a démis M. Benkirane de ses fonctions et nommé le numéro deux du PJD, M. Al-Othmani, pour le remplacer. Celui-ci a accepté les conditions de formation d’une coalition que son prédécesseur avait jusque-là repoussées.

« La logique de la force »

Première conséquence : l’épisode a fortement secoué le PJD. Membre du secrétariat national du parti et proche de l’ex-chef de gouvernement, Abdelali Hamieddine estime que la formation de ce gouvernement « ne résulte pas d’un vrai dialogue entre les partis, qu’il n’y a pas eu de vrai compromis ». « C’est la logique de la force qui a primé ces derniers mois et non celle de la négociation », explique-t-il en référence aux blocages rencontrés par M. Benkirane. MAl-Othmani a-t-il,…

 

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