Le 1er groupe du Baccalauréat 2025 pour les séries littéraires (L1, L2, L-A, etc.) a offert trois sujets riches en problématiques contemporaines. L’un interroge le lien entre technique et morale, l’autre les limites du pouvoir étatique, le dernier, un texte de Michel Foucault, nous plonge dans la dynamique critique et existentielle de la philosophie. Voici des corrigés qui pourraient donner des indications aux candidats ayant déjà composé dans ladite matière. A noter que ce sont des simulations de corrigés.
SUJET 1 : L’efficacité de l’action technique est-elle forcément source de progrès moral ?
Problématique :
Ce sujet soulève la question de savoir si le développement de la technique — en tant qu’ensemble de moyens mis en œuvre pour atteindre une fin — entraîne nécessairement une amélioration des mœurs, des valeurs et du comportement humain.
Plan possible :
- Oui, la technique peut accompagner le progrès moral :
- La médecine (ex. : vaccination, chirurgie réparatrice) contribue à la préservation de la vie humaine.
- Les outils de communication (Internet, téléphonie) permettent le partage d’idées, la sensibilisation à des causes humanitaires.
- Exemple de l’imprimerie (Gutenberg) : démocratisation du savoir, émancipation intellectuelle.
- Mais l’efficacité technique ne garantit en rien le progrès moral :
- La technique est éthiquement neutre : elle peut être utilisée pour le bien ou pour le mal.
- Exemple : les technologies nucléaires (centrale vs bombe atomique).
- Hannah Arendt (dans La crise de la culture) évoque la « banalité du mal » dans un monde hautement technicisé mais dépourvu de réflexion éthique.
- Les progrès techniques peuvent produire des effets déshumanisants (aliénation, surveillance de masse, destruction de l’environnement).
III. Vers une articulation responsable entre technique et morale :
- Nécessité de l’éthique appliquée (bioéthique, éthique de l’IA, etc.).
- L’homme doit rester maître de ses outils, en leur assignant des finalités morales.
- Référence à Hans Jonas (Le Principe responsabilité) : devoir de préserver l’humanité face aux puissances de la technique.
Conclusion :
L’efficacité technique n’est pas forcément synonyme de progrès moral. Tout dépend de l’usage que l’on en fait, ce qui impose à l’humanité un devoir d’éthique et de responsabilité.
SUJET 2 : Fixer des limites à l’État, est-ce l’affaiblir ?
Problématique :
Ce sujet interroge la relation entre limitation du pouvoir étatique et efficacité politique. Est-ce qu’en limitant l’action de l’État, on entrave sa capacité à gouverner efficacement ? Ou au contraire, ces limites sont-elles nécessaires à sa légitimité ?
Plan possible :
- Fixer des limites à l’État peut sembler l’affaiblir :
- L’État a pour fonction de garantir l’ordre, la sécurité, la justice.
- Des limites trop strictes peuvent freiner son action, surtout en période de crise (ex. : gestion de la pandémie, lutte contre le terrorisme).
- L’autorité de l’État nécessite une certaine autonomie (ex. : Hobbes dans Le Léviathan : État fort pour éviter l’anarchie).
- Mais les limites sont essentielles à la légitimité et à la justice de l’État :
- La séparation des pouvoirs (Montesquieu) garantit l’équilibre démocratique.
- Une Constitution fixe un cadre juridique qui empêche l’arbitraire.
- L’État de droit repose sur le principe de la légalité, pas sur la toute-puissance.
- Référence à Rousseau : la loi doit émaner de la volonté générale.
III. Un État fort n’est pas un État sans limites :
- Ce sont les limites qui rendent le pouvoir plus juste et plus durable.
- Exemple de dérives sans limites : dictatures, tyrannies, surveillance de masse.
- Le contrôle citoyen, parlementaire ou judiciaire renforce l’État démocratique.
Conclusion :
Fixer des limites à l’État ne revient pas à l’affaiblir, mais à renforcer sa légitimité, sa stabilité et sa capacité à gouverner dans le respect du droit et des libertés individuelles.
SUJET 3 : Explication et discussion du texte de Michel Foucault
« La philosophie n’est pas une discipline qui aurait une définition stable et définitive… »
Texte complet en image, extrait paraphrasé ci-dessous.
Analyse globale du texte :
Michel Foucault (1926–1984), penseur critique et historien des idées, nous propose ici une vision dynamique, ouverte et pratique de la philosophie. Il rejette l’idée d’une philosophie figée, stable, définie une fois pour toutes.
Thèse du texte :
La philosophie n’est ni une accumulation de savoirs figés ni une discipline aux vérités éternelles, mais une activité en perpétuel renouvellement, en contact avec l’histoire, les autres disciplines et les mutations du monde.
Arguments du texte :
- Contre la définition statique : la philosophie ne consiste pas en un savoir fixe ou un corpus fermé de doctrines.
- La philosophie comme pratique critique : elle interroge les évidences, déconstruit les concepts, et produit de nouveaux outils pour penser.
- Interaction avec le monde : elle se nourrit des autres disciplines, des événements du monde, des transformations culturelles.
- Finalité existentielle : penser notre place dans le monde, donner sens à l’existence.
Discussion philosophique :
- Une vision moderne et dynamique de la philosophie :
- Proximité avec Socrate, qui faisait de la philosophie un art du dialogue et du questionnement perpétuel.
- Influence de Nietzsche, qui rejetait les « vérités éternelles » au profit d’une philosophie vivante, créatrice de valeurs.
- Foucault s’oppose à une philosophie dogmatique : sa pensée rejoint celle des philosophies critiques contemporaines (Derrida, Deleuze…).
- Mais peut-on se passer d’une définition minimale ?
- La critique a besoin d’un socle méthodologique : rationalité, argumentation, exigence de vérité.
- Danger du relativisme absolu : si tout est remis en cause, comment trancher dans le débat philosophique ?
- La tradition philosophique (Platon, Descartes, Kant, etc.) offre des repères sans lesquels la pensée risque de se diluer.
Conclusion :
Michel Foucault nous invite à penser la philosophie comme un outil vivant et critique, à la fois existentiel et politique. C’est une activité de questionnement et d’invention qui accompagne les évolutions du monde, et qui nous aide à donner du sens à notre expérience.